Le programme éducatif en durabilité de la télécabine Sea to Sky

 

Écrit par Martha Warren


La télécabine de Sea to Sky le long de la route Sea to Sky (99) au sud de Squamish, Colombie-Britannique. Photo Tara O’Grady

En cette époque où les messages sur le développement durable sont en concurrence et souvent confus, il peut être difficile de se faire entendre. Aussi comment développer au mieux un programme éducatif sur la durabilité des montagnes? 

Le Dr James Thornton, chargé de projet scientifique à la Mountain Research Initiative, a mis en contact Michael Allchin, Martha Warren et Scott Williamson dans une collaboration entre la télécabine Sea to Sky, GEO Mountains et l’initiative Mountain Research, l’Université de Calgary, et l’Arctic Institute.

Il en a résulté un programme détaillé pour les apprenants de tous âges qui traite de la création des montagnes, de ce qui les modifie et des responsabilités partagées de l’intendance des montagnes. Ses parties principales sont : la création des montagnes, le climat et la météo, les glaciers, la neige et l’eau; les risques naturels, la biodiversité et, enfin, la montagne et les gens. L’engagement étudiant a fait l’objet d’un soin particulier en incorporant les sciences sociales et naturelles, les arts et les humanités, en tenant compte des différents styles d’apprentissage.

« Qu’est-ce que les montagnes signifient pour vous? » Bâtie autour de cette question, la structure du cours est circulaire, invitant les étudiants à partager leurs sentiments sur les montagnes à leur première rencontre, et vers la fin du cours lors d’un exercice de réflexion. Une excursion, des exercices pratiques et des démonstrations ont lieu entre les deux. Nous explorons des questions telles que : en quoi une barre chocolatée ressemble-t-elle à un glacier? Qu’est-ce que de la neige de pastèque? Pourquoi compter les têtards dans cette terre humide vernale? Quels arts la montagne a-t-elle inspirés?

Ceci est un programme détaillé pour les apprenants de tous âges qui traite de la création des montagnes, de ce qui les modifie et des responsabilités partagées de l’intendance des montagnes.

Tous les groupes d’âge font une activité de mesure de la météo pour souligner l’importance d’une attitude proactive face aux changements climatiques et de la participation des masses dans les initiatives en science citoyenne. Les étudiants examinent les impacts du climat sur les montagnes et ceux des montagnes sur le climat en utilisant des psychromètres à élingues, des anémomètres, des compas et des géothermomètres.

Enseigner le cours à la télécabine est facile grâce à l’emplacement. La montagne est plus qu’une salle de classe à ciel ouvert. Tout d’abord, elle est située sur le territoire traditionnel, ancestral et non cédé des Skwxwú7mesh (Nation Squamish). À 885 mètres, le sommet est tout juste assez élevé pour que les visiteurs passent, de la base au sommet, d’une forêt pluviale côtière à une forêt subalpine. Et elle est située dans Átl’ka7tsem/baie Howe, désignée région de biosphère par l’UNESCO pour son importance écologique mondiale et sa riche biodiversité. 

Avec une foule d’exemples de la façon dont les montagnes se forment et se modifient, les étudiants peuvent voir le cycle de la roche au travail. On y trouve un volcan local (le mont Garibaldi, ou Nch’ḵay̓) et des montagnes plissées. Ils étudient comment les glaciers se déplacent, sculptent les montagnes et creusent des fjords. Il y a des arbres en drapeau et du krummholz. Des racines poussent hors des rochers, et on trouve beaucoup de régolite et d’humus, de dykes felsiques et d’erratiques. 

Le gîte au sommet de la télécabine Sea to Sky. Photo Paul Bride

Le programme concerne en priorité l’expérience partagée et l’intendance des montagnes autour du monde, se concentrant sur les zones à haut risque de l’Hindou Koush himalayen, du Caucase du Sud, des Andes et de l’Afrique de l’Est, et sur les efforts de coopération transfrontalière. Dans le fil thématique du partage durable des montagnes, les matériaux du cours sont disponibles en ligne, en libre accès et en anglais, à Mountain Sustainability teaching materials et au site de GEO Mountains à Mountain Sustainability course. La prochaine étape du programme vise à développer d’autres études de cas et à connecter les professeurs ensemble, les étudiants ensemble, ainsi qu’avec les groupes scientifiques citoyens et les clubs environnementaux pour qu’ils communiquent en s’adonnant à des activités similaires. 

Et qu’avons-nous appris en organisant ce cours jusqu’à présent? 

  • Qu’il ne faut pas distribuer les barres chocolatées avant d’avoir expliqué au préalable qu’elles doivent servir à la démonstration sur les glaciers d’abord, et ensuite pour s’alimenter.

  • Qu’il ne faut pas présumer de l’attention et de l’engagement d’un étudiant par son langage corporel, car cet étudiant, paraissant endormi durant les expériences sur le climat, pourra être celui qui expliquera plus tard le fonctionnement d’un anémomètre.

  • Qu’il ne faut pas sous-estimer le programme scolaire d’études en sciences. La plupart des étudiants en visite comprennent très bien la subduction et le mouvement tectonique des plaques et ont soif d’expériences et d’activités concrètes qui donnent lieu à la créativité et la résolution de problèmes.

  • Qu’il ne faut pas s’attendre à des réticences. En réponse à notre tentative d’intégrer les émotions à l’apprentissage concret, les étudiants ont partagé leurs expériences personnelles avec générosité et enthousiasme, en outre dans les réflexions personnelles de leurs guides pratiques en conclusion du programme. Certaines sont des croquis de la faune ou des griffonnages, ou des poèmes en forme de montagne. L’une d’elles étalait ces mots sur la page : « émerveillement, beauté, créative, liberté, joie, aimé, ouvert ». Les commentaires d’étudiants couvraient une gamme allant des envies de skier qu’inspirait le paysage à de profondes métaphores sur les montagnes que nous gravissons en esprit chaque jour.

Nous croyons que le message se fait entendre, et espérons que les étudiants se sentent entendus aussi.


Martha Warren est coordinatrice de l’enseignement à la télécabine Sea to Sky de Squamish, C.-B., et l’architecte de leur nouveau programme en durabilité des montagnes.

 
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