2025 - Année internationale de la préservation des glaciers : un aperçu canadien
par Comité permanent canadien, UN IYGP 2025
Contexte — Les Nations Unies ont déclaré 2025 comme Année internationale de la préservation des glaciers, et le 21 mars la Journée mondiale des glaciers, pour sensibiliser au rôle critique que jouent les glaciers, la neige et la glace sur les systèmes climatiques locaux et mondiaux, et pour reconnaître les impacts sociaux et économiques qu’entraîneront leurs changements. Les objectifs de l’année des glaciers sont de mieux équiper les décideurs et les citoyens autour du monde avec les outils et les renseignements requis pour aborder les conséquences de la perte et des changements des glaciers, de la neige et de la glace, et d’assurer que les scientifiques et les chercheurs ont la capacité de fournir à la société des renseignements pertinents. Réaliser ces objectifs nécessite une coopération mondiale dans les efforts de recherche et de synthèse, et le Canada est fier de contribuer à ces actions.
Les résolutions des Nations Unies sont le reflet formel de l’opinion ou de la volonté de ses membres. Par conséquent, l’année des glaciers représente le désir de la communauté internationale à reconnaître l’importance des glaciers pour l’humanité entière. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dirigent la coordination de l’année des glaciers, et une conférence internationale sur les glaciers aura lieu au Tadjikistan.
L’Année des glaciers au Canada
Les glaciers ont un pouvoir unique pour raconter l’histoire du changement climatique. Pendant longtemps, les glaciers furent considérés comme des caractéristiques intégrales aux paysages de montagne, vestiges eux-mêmes de l’histoire environnementale de la Terre. Leur disparition est un rappel brutal de l’impact humain sur les paysages naturels, et un sombre signe avant-coureur de la dégrada- tion environnementale à venir. Outre les grandes couches de glace du Groenland et de l’Antarctique, le Canada est le pays le plus englacé au monde, avec ses quelque 50 000 kilomètres carrés de glace de glaciers s’étendant sur la Cordillère occidentale, et encore 150 000 kilomètres carrés recouvrant l’archipel Arctique canadien. On estime qu’environ 1 140 glaciers ont disparu en Colombie-Britannique et en Alberta entre 1985 et 2020 — soit un déclin de huit p cent, avec une forte accélération de la perte de glace depuis 2011. Ces pertes sont dues aux conditions changeantes de l’été comme de l’hiver, et il est prévu que les glaciers dans les montagnes occidentales du Canada perdront entre 74% et 96% de leur volume de 2006 d’ici l’an 2100. Ces changements affecteront profondément l’hydrologie des montagnes, qui s’associe étroitement aux incendies forestiers, aux inondations, aux sécheresses, et à l’augmentation de la fréquence des autres dangers naturels. Au Canada, l’année des glaciers se rapporte à bien plus que cela, mais à la relation même des Canadiens avec la cryosphère tout entière, soit à l’eau dans tous ses états solides, parmi lesquels les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol. L’année des glaciers se concentrera sur les impacts de l’eau douce et sur l’évolution des dangers et des risques dans les régions montagneuses et arctiques, mais elle apportera aussi, de manière importante, une occasion de célébrer les paysages gelés à travers le pays.
Les objectifs de l’année des glaciers au Canada sont :
1. Augmenter la sensibilisation :
• à l’importance de toutes les formes de neige et de glace pour les réserves d’eau douce et le fonctionnent des écosystèmes du Canada;
• aux risques associés aux changements des conditions de neige et de glace dans les régions montagneuses et arctiques
canadiennes;
• aux impacts, locaux et en aval, tant sociaux, économiques et culturels des changements de la neige et de la glace;
• aux cadres existants de coopération et de gestion de l’eau et leur rôle dans la recherche de solutions et d’adaptations au
changement.
2. Promouvoir la recherche sur la neige et la glace canadiennes, dans le but d’améliorer notre compréhension scientifique des impacts du changement climatique sur les régions montagneuses et arctiques, et ce que ces impacts signifient pour les systèmes naturels et humains dépendant de l’eau.
3. Améliorer la communication scientifique des découvertes entourant la glace et la neige.
4. Favoriser la reconnaissance et l’appréciation de la glace et de la neige comme étant davantage que de simples «ressources en eau », en mettant l’accent sur les perspectives artistiques et indigènes.
5. Promouvoir l’amélioration des politiques en gestion des ressources en eau au Canada, aux échelles municipales, provinciales et fédérales.
6. Célébrer la beauté de nos paysages gelés, la joie que nous avons d’en profiter et de les partager avec le monde. La réussite dans le contexte de l’année des glaciers demande qu’on améliore notre compréhension de ce que sera un pays, le Canada, de plus en plus désenglacé et sans neige, et de nos capacités à nous adapter aux nouvelles conditions d’un mondeen réchauffement. En plus des actions climatiques, nous avons besoin de prévoir des besoins différents et nouveaux en matière d’infrastructure, de préparation aux risques et aux urgences, de politique économique, de sécurité alimentaire et énergétique, de tourisme et de vie en montagne.
Observer — prévoir — protéger
La compréhension est inhérente à la protection. Grâce au travail dévoué des chercheurs canadiens, du gouvernement et des institutions académiques, il existe déjà une base scientifique solide qui nous permet de comprendre la cryosphère. Ce qu’il nous faut à présent est de s’assurer que cette recherche scientifique se poursuive et aborde de nouvelles préoccupations. Nous dépendons des observations des chercheurs de terrain pour effectuer des prévisions et prendre des décisions éclairées, et quand il est question d’élaborer des politiques concernant l’eau — que ce soit dans les montagnes, dans les prairies en Alberta ou en Saskatchewan, dans les municipalités de l’Ouest et au-delà — les bonnes observations sont un prérequis pour des décisions politiques sensées. Tous les ans, l’état de nos ressources d’eau gelée change, et se dévouer au maintien et à l’amélioration de la recherche scientifique améliorera notre connaissance de la situation. Nous ne pouvons pas être des gestionnaires de l’eau, des décideurs et des citoyens efficaces si nous ignorons et ne comprenons pas ce qui se passe. Il nous faut observer afin de prévoir la vulnérabilité des glaciers, de la neige et de la glace aux changements climatiques, et leur rôle dans la régulation du climat comme des niveaux des océans, et dans la préservation de la biodiversité.
Au-delà de l’année des glaciers
Que voulons-nous dire par « préserver »? Comme le plus grand péril des glaciers est le changement climatique d’origine humaine, l’action « glacielle » signifie l’action climatique. Et comme les glaciers sont intégrés dans des systèmes complexes de rétroaction climatique déjà en mouvement, il y aurait un déclin dramatique des volumes de glace de glacier au Canada même si nous arrêtions aujourd’hui toutes nos émissions carbone. L’action climatique a beau être nécessaire, nous devons aussi nous préparer à des changements. L’appel à « préserver les glaciers » n’est pas vraiment celui de « sauver les glaciers ». L’objectif est de reconnaître l’importance de l’eau dans tous ses états solides en employant les glaciers comme un symbole des changements à venir, ce qui demandera un engagement à long terme au Canada et autour du monde. En reconnaissance de ceci, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé, en août 2024, la période 2025-2034 Décennie d’action pour les sciences cryosphériques, pour souligner le besoin constant de comprendre la fonte des glaciers et les changements de la cryosphère en faisant progresser la recherche scientifique, la surveillance et lasensibilisation à ces environnements critiques
Pour en savoir plus sur l’Année internationale de la préservation des glaciers, consulter: www.unglacieryear.ca