Le guidage autochtone aujourd’hui

 

by Tim Patterson

Tim Patterson est un membre de la bande indienne de la basse Nicola qui appartient aux Scw̓éxmx (« Peuple des ruisseaux »), une branche de la nation Nlaka’pamux (Thompson) du peuple Salish de l’intérieur de Colombie-Britannique. Détenteur d’une maîtrise en éducation écologique, Patterson est un guide de randonnée accrédité par l’AGMC et est le fondateur et pr opriétaire de Zuc’min Guiding, une compagnie indépendante autochtone de tourisme d’aventure basée à Calgary, Alberta.


Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsqu’on vous introduit au guidage autochtone? Si vous êtes comme la majorité, ce seront des images des années 1800 où des guides indiens remontent des cols de montagne avec David Thompson ou Jimmy Simpson, en portant de lourdes charges sur des sangles. Et si votre hypothèse sur le guidage autochtone était correcte au sens historique, le guidage autochtone est on ne peut plus vivant aujourd’hui : je suis l’un des guides professionnels autochtones en activité dans les montagnes de l’Ouest. Nous sommes peu, mais nous travaillons de plusieurs manières importantes. 

L’auteur transmettant son savoir et ses compétences. Photo Ryan Wilkes

D’abord, le guidage autochtone a récemment gagné en popularité auprès de ceux qui aiment les expériences authentiques, basées sur des récits. Les guides autochtones aident les personnes non autochtones à comprendre les expériences accumulées des Autochtones, leurs pratiques dynamiques, leurs compréhensions historiques et leurs récits transposables à nos territoires changeants. Ces éléments qui tissent nos modes de connaissance comblent le fossé entre les savoirs autochtones et non autochtones. Cette conscience de notre regard quotidien sur les montagnes et la vie qu’elles abritent donne une vision plus riche des points de vue autochtones et en dit long sur notre intimidante crise environnementale. 

Tim Patterson au travail sur l’épaule du mont Norquay dans le parc national Banff. Photo Ryan Wilkes 

Ensuite, bien que réduit comparativement à notre cadre non autochtone, le nombre de guides autochtones s’accroit, dont plusieurs guides de randonnée, alors que certains cherchent le statut de guides alpins, de guides de ski ou de montagne. Le nombre de compagnies de guides autochtones s’accroît aussi, comme Girth Hitch Guiding de Nordegg, Alberta, ou Zucmin Guiding de Calgary, Alberta. Dans le domaine non lucratif, il y a Soul of Miistaki à Canmore, Alberta, ou Indigenous Women Outdoors, à Lillooet, Colombie-Britannique. Certifiés professionnellement, ces guides, compagnies et sociétés à but non lucratif autochtones ne se limitent pas aux compétences générales de l’histoire et de la culture, mais offrent aussi les compétences spécialisées des aventures en ski, en escalade et en arrière-pays. 

Enfin, le guidage autochtone fournit aux invités et aux autres guides une compréhension sur la manière de travailler avec les contenus, l’histoire et les connaissances autochtones. Avec une plus grande importance accordée aux questions de vérité et réconciliation, le guidage autochtone peut naviguer avec compétence dans les environnements montagneux et aider nos collègues à mieux travailler avec les contenus, l’histoire et les connaissances autochtones. La question n’est pas d’embaucher des guides autochtones ou de développer un programme autochtone, mais de collaborer avec les entreprises de guidage autochtones. Ces partenariats sont indispensables au développement des entreprises et des guides, en travaillant chaque jour au renforcement des capacités des programmes et des guides. 

Guidage sur glace au champ de glace Columbia. Photo Roam Creative

Le défi des guides autochtones aujourd’hui est de sensibiliser tant les touristes que la communauté des guides au fait que nous sommes professionnels et compétents, car nous le sommes. Le problème le plus important étant le développement des guides autochtones. Pour être plus précis, le coût en temps et en argent pour acquérir l’expérience nécessaire sur le terrain, l’équipement et les certifications s’avère hors de portée pour de nombreux Autochtones. Comme emploi légitime, être guide n’est pas prioritaire pour la plupart d’entre eux, mais un intermède à court terme entre deux « vrais » emplois. Aussi nous avons du chemin à faire pour recruter des Autochtones comme guides. Et pour les compagnies de guidage, la question la plus irrésolue demeure leur capacité de travailler avec des guides et la complexité des contenus autochtones. 

Plusieurs ressources existent comme l’Indigenous Tourism Association of Canada, Indigenous Tourism Alberta, et l’Association des guides de montagne canadiens, qui sont prêtes à aider les guides et les compagnies de guidage à naviguer parmi nos efforts collectifs de décolonisation. 

 
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