Un chemin vers la guérison : L’inondation du sentier du lac Berg au mont Robson
En conduisant vers l’est sur l’autoroute 16, en direction de la ligne de partage des eaux des montagnes Rocheuses, il survient un moment magique — quand la météo le permet —où la silhouette distincte et le pic enneigé du mont Robson s’imposent à la vue. C’est l’instant qui fait crier d’étonnement tous les amoureux de la nature. Le mont Robson est la plus haute montagne des Rocheuses canadiennes et l’éponyme du parc provincial du Mont Robson, le second parc le plus ancien de la province. Le mont se nomme traditionnellement Tsyécelcten, qui signifie à peu près « la Montagne de la route en spirale » dans la langue secwepemctsin. [1]
Depuis sa création en 1913, le parc provincial du Mont Robson est devenu l’un des parcs emblématiques de la province. En 1990, le parc a été désigné par l’UNESCO comme faisant partie du site du patrimoine mondial des Rocheuses Canadiennes, de concert avec les parcs provinciaux de Hamber et du mont Assiniboine, et les parcs nationaux de Jasper, Banff, Kootenay, et Yoho. Réunis, ces sept parcs forment l’une des plus grandes aires protégées du Canada, avec ses 23 068.84 kilomètres carrés de surface.
Recevant chaque année des centaines de milliers de visiteurs, le parc provincial du Mont Robson est l’un de ces lieux uniques de la nature, offrant d’excellentes occasions de camper, une variété d’activités récréatives, un habitat important pour la faune et la flore, et des vues magnifiques. Le parc héberge beaucoup d’espèces charismatiques, comme le grizzli et le loup. Il sert aussi de refuge à 182 espèces documentées d’oiseaux, et protège les cours supérieurs du puissant fleuve Fraser.
L’une des plus grandes attractions du mont Robson est le mondialement célèbre sentier du lac Berg — vingt-trois kilomètres (à sens unique) de randonnée au milieu de paysages incroyables en arrière-pays. En suivant la rivière Robson, au bleu éclatant, les mordus de plein air passent devant des montagnes imposantes, des dizaines de bruyantes chutes d’eau, des lacs glacés et les glaciers majestueux qui les nourrissent.
Une mutation climatique
L’une des premières photographies connues du glacier Robson a été prise en 1911 par le directeur et président fondateur du club Alpin du Canada, Arthur O. Wheeler. Et malgré la pâleur et l’aspect granuleux de celle-ci, le front glaciaire est impossible à manquer, s’étendant presque jusqu’aux rivages du lac Berg d’aujourd’hui. Un siècle plus tard, en 2011, une image reprise par le Mountain Legacy Project souligne le saisissant recul du glacier. Avec beaucoup plus de roche exposée, le socle rocheux et les débris adjacents continuent de se réchauffer à un rythme accéléré, contribuant davantage à un recul du glacier Robson d’environ cinquante mètres par an.
Seulement en Colombie-Britannique, il se trouve 15 000 glaciers pour représenter environ trois p. cent (~28 342 km2) de la masse terrestre. Bien que cela semble peu, la glace glaciaire de la C.-B. est plus vaste que le pays d’Haïti (~27 750 km2) et recouvrirait 90 p. cent de l’Île de Vancouver (28 156 km2). Pour le Dr Brian Menounos, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les changements climatiques à l’Université du Nord de la Colombie-Britannique, la surveillance des glaciers et les ensembles de données à long terme sont extrêmement importants pour anticiper les tendances futures et comprendre les réactions des glaciers au changement climatique. Ces chercheurs spécialistes en glaciers ne font pas que « documenter l’extinction des glaciers » ; ils collectent plutôt des données importantes, incluant des observations de terrain, pour aider à développer, calibrer et améliorer des modèles de prévision du changement des glaciers. La surveillance des glaciers est importante puisqu’ils agissent comme des réservoirs d’eau douce, que leur fonte constitue une source essentielle d’eau froide pour les plantes, les insectes et les animaux, et qu’ils réduisent la température des eaux en aval. Pour certaines espèces montagneuses sensibles aux températures, cet apport en eau froide est essentiel à leur survie et au maintien d’un écosystème sain.
La recherche de Menounos montre clairement que le recul des glaciers de la province s’accélère, spécialement au sud-ouest. Comme tant de phénomènes de la nature, on ne doit pas ce changement à un seul facteur comme l’augmentation des températures, mais à une série d’événements aggravants, qui ne semblent pas toujours liés au premier coup d’oeil. Par exemple, l’augmentation des températures estivales accroit les risques d’incendies forestiers, entraînant de plus hauts taux de cendres et de suie en suspension dans l’air, qui se déposeront et couvriront éventuellement les glaciers, pour les rendre moins réfléchissants et plus absorbants de l’énergie solaire, causant une accélération de la fonte. Ces effets cumulatifs ne peuvent pas se traiter séparément, c’est une approche du système dans son ensemble qui serait requise.
Ce genre d’escalade d’événements se produit à une fréquence croissante. L’un des événements les plus dramatiques pour la C.-B. aura eu lieu l’été 2021. Fin juin, la province s’est trouvée sous l’emprise d’un « dôme de chaleur » intense, où l’on enregistra, plusieurs jours d’affilée, des températures record (jusqu’à as 49.6 degrés Celsius à l’intérieur), associées à des centaines de décès dans la province. Alors que tous sentaient les effets éprouvants de cette chaleur extrême et prolongée, beaucoup s’inquiétaient de la manière dont la nature réagirait.
Les environnements alpins comptent parmi ceux qui subissent les impacts les plus négatifs. À 1 646 mètres au-dessus du niveau de la mer, les températures sur les côtes du lac Berg se trouvaient dans la trentaine supérieure. Pendant que le dôme de chaleur perdurait, Emergency Management BC (EMBC, Gestion des urgences Colombie-Britannique) estimait qu’il fallait s’attendre à 80 à 100 millimètres d’eau de neige par jour et que des avertissements d’inondation étaient en vigueur pour la partie supérieure du fleuve Fraser. En plus des températures excédant la normale, une tempête majeure s’est abattue sur la région le premier juillet, libérant en quelques heures plus de 210 millimètres (vingt centimètres) de pluie.
Au bout du compte, la combinaison de chaleur, d’eau de fonte et de précipitations excessives créa la tempête parfaite, dont il résulta l’une des plus importantes inondations à s’être produites sur le sentier du lac Berg.
Un événement inimaginable
Quand Elliott Ingles est devenu surveillant régional de Mount Robson en 2017, il a révisé et mis immédiatement à jour les plans d’urgence et d’évacuation du parc, sachant qu’il n’était plus question de savoir si on en aurait besoin, mais quand. Les plans serviraient de référence au personnel de terrain, décrivant clairement les étapes et les procédures à suivre si le pire arrivait.
Le 28 juin 2021 dans l’après-midi, des randonneurs, fatigués mais pleins d’enthousiasme et de bons souvenirs, mais aussi de soucis, apparurent. Ils rapportèrent au personnel du parc que le sentier comportait quelques parties inondées. Des gardes de parc commencèrent immédiatement de parcourir le sentier en s’attendant à des débordements mineurs de la rivière Robson à quelques endroits habituels. Mais dès le deuxième kilomètre, la rivière s’était déversée sur la rive et à des endroits où aucune inondation n’avait eu lieu auparavant. Espérant avoir découvert le pire, le personnel entreprit de créer des déviations du sentier pour éviter les parties les plus affectées cet après-midi-là.
Le lendemain, un courriel de l’EMBC signala que le fleuve Fraser supérieur se trouvait sous avertissement d’inondation, et que les risques pour la région augmenteraient en cas de pluie. Incertain pour la suite quant à la rivière Robson, le personnel s’est mis à surveiller attentivement la situation et à planifier d’entrée de jeu. Ingles, proactif, appela BC Wildfire Service pour demander son aide si les crues augmentaient les jours suivants. Les randonneurs qui se dirigeaient le 29 juin vers le sentier furent informés des eaux stagnantes sur le sentier et encouragés à redoubler de prudence.
Le lendemain, le 30 juin, fut un tournant majeur. La moitié du sentier — entre le départ du sentier et le lac Kinney — fut soudain submergée par plus d’un demi-mètre d’eau stagnante. De l’eau froide et rapide avait ouvert une brèche dans les berges de la rivière, s’engouffrant autour des ponts, et on rapporta de nombreux sites de campement et de caches anti-ours submergés. Dans des parties non submergées du sentier, de larges fissures apparaissaient, indiquant une forte érosion et d’intenses effondrements souterrains.
On décida rapidement le 30 juin de fermer le sentier, et d’arrêter immédiatement l’entrée de tous les randonneurs souhaitant se rendre dans l’arrière-pays. Les quelque 250 randonneurs et plus qui se trouvaient déjà sur les vingt-trois kilomètres du sentier étaient toutefois le défi principal.
Une équipe de premiers répondants entreprirent d’évacuer tout le sentier. Heureusement, le 1er juillet, il était encore possible pour la majorité des visiteurs de sortir du parc par leurs propres moyens. Le personnel du BC Wildfire Service et de BC Parks coordonna ses efforts pour aviser les randonneurs des conditions, avec du personnel posté le long du sentier pour surveiller les niveaux d’eau, aider les randonneurs et les renseigner sur la meilleure marche à suivre. Les familles avec de jeunes enfants étaient encouragées à marcher au meilleur de leurs capacités et, si nécessaire, de passer la nuit dans l’un des sites d’enregistrement désignés. Avec la chaleur incroyable — les températures tournant toujours encore autour de 35 degrés Celsius — et les conditions exigeantes du terrain, plusieurs randonneurs n’ont pu quitter les lieux en un seul jour. Elliott Ingles se rappelle la chaleur étouffante de ce jour-là : « On aurait dit que les glaciers suaient, » dit-il.
Heureusement, le personnel était bien équipé de filtres à eau pour s’assurer que les randonneurs restent hydratés au cours de leur trek plus long que prévu. Le soir venu, soixante pour cent des usagers du sentier se trouvaient à bon port. Les autres s’étaient enregistrés aux terrains de camping du lac Berg, de Marmot, Whitehorn, ou du lac Kinney et prévoyaient partir le lendemain. Et même s’il n’y a eu aucun feu d’artifice ce soir-là pour célébrer la fête du Canada, Mère Nature, semble-t-il, préparait son propre spectacle.
Les gardes de parc postés au refuge du lac Berg pouvaient sentir l’air changer alors que des nuages rouge vif venus du nord commençaient à se déployer. En quelques secondes, un coup de tonnerre a explosé, ricochant sur les montagnes environnantes. Il commença de pleuvoir à verse, des grêlons gros comme des pièces de monnaie se sont mis à tomber, et des éclairs éclataient à répétition, illuminant le refuge comme les flashes stroboscopiques d’une discothèque. En l’espace de six heures cette nuit-là, il tomba plus de 210 millimètres (vingt centimètres) de pluie. Ingles n’avait jamais vu de sa vie un tel orage, et commença aussitôt de s’inquiéter des impacts qu’aurait ce déferlement supplémentaire d’eau sur la rivière Robson.
Les randonneurs fatigués se réveillèrent le 2 juillet sous un ciel dégagé, pour apprendre que plusieurs ponts de la moitié supérieure du sentier avaient totalement disparu, entièrement submergés ou rendus infranchissables par la destruction des pierres et des blocs rocheux emportés par le torrent. En une nuit, la rivière s’était élevée d’un énorme six mètres et avait submergé entièrement le pont du camping de Whitehorn, coupant celui-ci du reste du sentier. On réalisa vite que les campeurs de Whitehorn ou situés plus en hauteur ne pourraient pas quitter les lieux sans aide, et un nouveau plan fut aussitôt mis en branle.
La GRC locale déclencha des opérations recherche et sauvetage (SAR) pour assister les randonneurs qui descendaient du lac Kinney et pour mener des évacuations assistées par hélicoptère pour les cinquante randonneurs désormais coincés. Le personnel du parc coordonna les randonneurs en groupes à chaque emplacement pour un ramassage par hélicoptère, pendant que la GRC apportait des conseils sur la manière sécuritaire de monter à bord. Une communication constante entre les Rangers et la GRC était nécessaire pour assurer que personne n’avait été oublié. Pendant que certains étaient plus que disposés à laisser le sentier du lac Berg derrière eux, ce tour imprévu en hélicoptère plut beaucoup à d’autres randonneurs, qui y virent le point fort d’une aventure de deux jours.
Un effort conjoint
Tôt en soirée ce 2 juillet, chaque randonneur était évacué de manière sécuritaire du sentier du lac Berg sans qu’aucune blessure ne soit signalée. Comme principe directeur, BC Parks s’efforce d’offrir une excellente expérience au visiteur et d’assurer que les usagers du parc rentrent chez eux sains et saufs. Et c’est ce qui est arrivé, en dépit d’une vague de chaleur, d’inondations excessives, d’un orage sans précédent, et d’une évacuation complexe — une grande réussite pour le personnel et les agences de soutien sur le terrain. Cependant, cette tâche aurait été extrêmement difficile sans le respect des randonneurs pour la situation et les directives à suivre. Les plans d’évacuation qu’Elliott Ingles avait mis à jour à ses débuts comme surveillant régional ont été déployés et ont prouvé leur grande validité. Ingles avait insisté sur l’importance d’entretenir des relations solides avec les répondants locaux et les agences gouvernementales, et avait donc pu faire appel aux personnes hautement qualifiées qu’il lui fallait pour assurer la réussite de l’évacuation. Chaque organisation — BC Wildfire, SAR, Park Operators, EMBC, Yellowhead Helicopters, et la GRC — était là et parée pour naviguer les périls de la situation. Malgré les changements constants de la météo, l’état dynamique de la rivière Robson, et les imprévus quotidiens qui continuaient de se présenter, l’ensemble de l’évacuation a été relativement « sans incident grâce à sa planification soigneuse et détaillée ».
Une suite de décisions difficiles
Pendant ce qu’il restait de la saison de 2021, le sentier continua de subir des changements importants et quotidiens. Le personnel du parc travailla très fort pour installer des ponts temporaires, mais en quelques heures ou quelques jours, la rivière se déplaçait de nouveau, et les ponts étaient emportés. En d’autres endroits, le contraire se produisait : trois ponts qui d’habitude tenaient deux mètres d’eau sous eux sont devenus des passages se dressant au-dessus d’un lit de cours d’eau asséché. Reconnaissant les risques de permettre aux randonneurs de revenir sur le sentier alors que la rivière traversait des changements si imprévisibles, la première grande décision de BC Parks fut de maintenir la fermeture du sentier au-dessus du lac Kinney pour le reste de la saison.
Pour Adrian Batho, spécialiste en conservation de BC Parks pour la région d’Omineca Peace, le plus étonnant aspect dans l’inondation du sentier du lac Berg a été l’ampleur des changements au sein de la rivière Robson — en particulier ses mouvements dans toute la vallée. « Il y a une infinité de voies potentielles que la rivière pouvait emprunter à travers les plaines de la Kinney : c’est tout du matériau mobile, » observe-t-il.
L’ingénierie dans la nature, les rivières imprévisibles et d’éventuels événements futurs n’est pas une tâche facile, surtout quand il faut conserver le statut international du sentier du lac Berg en tant qu’exceptionnel « voyage de randonnée pour débutants ». Sachant que des ponts étaient complètement anéantis ou jugés dangereux, qu’une érosion et des éboulements excessifs s’étaient produits le long du sentier, et que les canaux des rivières s’étaient considérablement déplacés, BC Parks devait prendre une série de décisions difficiles en envisageant la reconstruction.
Historiquement, les sept premiers kilomètres du sentier (début de sentier vers le lac Kinney) étaient considérés comme un « sentier d’avant-pays », puisqu’il était accessible à une large gamme d’usagers aux capacités différentes, et ne nécessitait pratiquement aucune compétence en navigation. Le sentier au-delà, du lac Kinney au lac Berg, était considéré comme un « sentier d’arrière-pays ». BC Parks examina en profondeur le choix de reconstruire au niveau historique des normes d’un « sentier », ou celui de rétrograder en « itinéraires » des sections ou l’entièreté du sentier, où il y aurait peu ou pas d’infrastructure et des aides limitées à la navigation, ce qui demanderait aux usagers des compétences accrues pour l’arrière-pays. Mais comme le sentier du lac Berg est fortement utilisé par un éventail d’usagers ayant des besoins variés en mobilité et qu’il est une destination internationale relativement facile d’accès, BC Parks a l’intention de reconstruire l’entièreté de la piste d’après ses normes précédentes de « sentier ».
Il faudra du temps pour reconstruire à ce « statut de sentier » et limiter les risques en cours de route. La nouvelle normalité du sentier du lac Berg va prendre des années à harmoniser. Et le reconnaître a mené BC Parks à prendre une troisième décision difficile : celle de tenir fermé le sentier pour la saison de 2022 et de se préparer à une réouverture par étapes. En se concentrant d’abord sur la reconstruction de sa partie la plus basse (l’ouverture du sentier vers le lac Kinney), les contractants et les gestionnaires du parc auront le temps de voir quels changements se produisent en amont du sentier. Bien qu’on s’attende à ce que la reconstruction s’étende sur plusieurs années, Adrian Batho trouve judicieux ce réajustement : « nous avons l’occasion d’employer une variété d’outils pour atténuer les risques, prendre des décisions informées, et équilibrer la vitesse de la reconstruction avec une reconstruction réfléchie. »
Prochaines étapes : reconstruire en tenant compte de la résilience climatique
Alors que la probabilité d’une autre inondation importante dans la rivière Robson est difficile à prévoir, une chose est claire. Cette crue s’est produite en raison d’une « parfaite » combinaison de températures excessives, de fonte rapide et de pluie supplémentaire. Cependant, et comme nous en avertit Dr Brian Menounos, « il faut se préparer à des événements futurs. Les vagues de chaleur ne vont pas seulement continuer; il faut s’attendre à ce que leur fréquence augmente. » Et que faire si, par exemple, un événement qui survient chaque 1 000 ans se produit, disons, chaque 50 ans? Ou encore plus souvent?
Tandis que BC Parks négocie cette prochaine étape de reconstruction, plusieurs questions se posent : quels outils sont disponibles pour atténuer les risques et prendre des décisions éclairées? Comment peut-on concilier les changements climatiques et les activités récréatives tout en protégeant la biodiversité et les processus des écosystèmes? Comment bâtir en tenant compte de la résilience climatique?
Selon Batho, bâtir en gardant à l’esprit la résilience climatique signifie « envisager la norme que l’on cherche à atteindre et y ajouter une lentille qui tienne compte de ce que le sentier pourrait subir. » Pour bien y arriver, il est essentiel que le personnel comprenne les risques déjà présents et les possibles impacts climatiques futurs, pour pouvoir prendre des décisions éclairées par l’information disponible. C’est une occasion pour nous d’y travailler systématiquement et d’atténuer les risques futurs, et ne pas jouer les « autruches écologiques. »
Heureusement, plusieurs outils existent pour aider BC Parks à comprendre le paysage et les changements climatiques. Par exemple, la télédétection et la photographie aérienne aident à mieux comprendre les dangers d’un paysage, et les changements qu’un temps violent peut y apporter. La modélisation climatique d’une région projette les changements qui risquent d’advenir suite à de futurs scénarios climatiques. Collaborer avec des glaciologues, comme le Dr Brian Menounos et le Hakai Institute, favorise le partage d’informations, l’apprentissage entre organisations, et des partenariats liés à l’adaptation au changement climatique. Tous ces outils, parmi d’autres, soutiendront la rénovation du sentier de Berg Lake et aideront BC Parks à prendre des décisions adéquates pour le sentier sur le long terme.
D’autres outils de surveillance installés par BC Parks, tels que des caméras et des échelles limnimétriques, aideront à identifier en temps quasi réel les changements de la rivière Robson. Les caméras prennent des instantanés toutes les cinq minutes, formant une preuve photographique de la manière dont la rivière change au fil du temps, pendant que les échelles limnimétriques, en mesurant le niveau de l’eau, aideront à mettre en évidence les blocages potentiels ou les conditions d’inondation. Grâce à cette surveillance continue de la rivière, il sera peut-être nécessaire de réduire le temps que passent les randonneurs près d’elle, et d’envisager des façons de reconstruire des parties du sentier bien au-delà de ses zones dynamiques. En fin de compte, c’est Mère Nature qui choisira où ira la rivière — et BC Parks s’adaptera et s’ingéniera autour d’elle.
En prévision de la crue printanière annuelle de 2022, toutes les structures qui ont été irréparablement endommagées le long du sentier doivent être retirées pour empêcher qu’elles créent d’autres obstructions si la rivière se déplaçait ou débordait de nouveau. Certaines structures ont besoin d’être réparées et leurs culées sécurisées, tandis que d’autres, qui se tiennent hautes et au sec, doivent être relocalisées. Tout l’équipement et le personnel doivent se transporter par hélicoptère — l’un des nombreux défis que pose le travail dans des environnements isolés. Et bien sûr, l’absence de neige est nécessaire pour commencer la construction, et les équipes devront travailler rapidement et accomplir le plus de tâches possible avant le retour des rafales du début de l’automne.
Au cours des quelques prochaines années, BC Parks s’attend à ce que la reconstruction du sentier du lac Berg rencontre des défis imprévus. De nouvelles questions se poseront. Les employés, partenaires, ingénieurs, hydrologistes et contractants devront apprendre, réévaluer et faire des changements pendant que nous naviguerons dans ce projet complexe et difficile au cours des trois prochaines années.
Conclusion
Le surveillant régional Elliott Ingles ne mâche pas ses mots quand on lui demande quelle a été la leçon la plus importante à tirer des inondations de 2021 : « c’est Mère Nature qui fait sa loi dans le parc, dit-il. Nous devons nous adapter et trouver des solutions qui rendront les loisirs sécuritaires, tout en respectant les valeurs du parc et l’écosystème qu’il habite. »
Quand la nouvelle de la fermeture du sentier du lac Berg a circulé, les visiteurs du parc ont compris les défis liés aux impacts du changement climatique. Il devient toujours plus clair que les événements associés au climat augmentent en fréquence comme en ampleur, causant des impacts dramatiques d’une myriade de façons. Par conséquent, nous continuerons d’avoir besoin de travailler ensemble de manière créative pour surmonter et atténuer ces défis.
Notre climat changeant implique un avenir imprévisible et incertain. Pendant que BC Parks travaille pour comprendre et s’adapter aux risques, les usagers du parc peuvent aussi faire leur part : s’adonner au plein air de façon responsable, respecter les règlements du parc, et agir en gardiens de l’environnement. La fermeture du sentier du lac Berg sera peut-être une magnifique occasion de repartir à zéro et se recentrer — pour réfléchir à une nouvelle adaptabilité dans la conservation et les loisirs, et l’assimiler..
Natasha Ewing est l’agente de liaison communautaire de BC Parks pour le Nord de la Colombie-Britannique. Elle s’est éprise du parc provincial du mont Robson dès sa première randonnée du sentier du lac Berg en 2019.
L’auteure voudrait remercier les personnes suivantes, qui ont consenti à être interviewées pour cet article : Adrian Batho, spécialiste en conservation, Omineca/Peace, BC Parks; Andrea Zemlak, cheffe de la section loisirs, Omineca/Peace, BC Parks; Dr Brian Menounos, membre de l’institut Hakai, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada, département de géographie, des sciences de la Terre et de l’environnement, Université du Nord de la Colombie-Britannique; et Elliot Ingles, surveillant régional de Mount Robson, BC Parks.
References
1. Alors que l’écriture Secwepemctsín évolue, l’orthographe des noms de lieux a changé. Le mont Robson a aussi été connu sous le nom de Tsyexyexéscen ou Yexyexhésqen, tous deux des variations de Tsyécelcten. Tsyécelcten provient de l’engagement avec les locuteurs de la langue Secwepemctsín de la Première Nation Simpcw.variations de Tsyécelcten. Tsyécelcten provient de l’engagement avec les locuteurs de la langue Secwepemctsín de la Première Nation Simpcw.